L’évasion mentale à TRIMORIA

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Par quoi commencer le voyage ? Le début ? Non… La chronologie n’a aucun sens à Rymmerland. Les « hier » sont des « demain » vécus à l’instant présent. Greta La Duche, l’Impératrice, veille à maintenir l’intemporalité dans son royaume, pour que chacun de ses territoires existe hors du réel.

Lorsque l’on aménage dans un monde fantasmagorique, les cauchemars y perdent toute leur dangerosité. Les peurs engendrées deviennent alors délicieusement frissonnantes. La folie douce s’y déploie, tel un doux plaid coloré, pour réchauffer les cœurs fragilisés par une réalité inimaginable. Cette évasion mentale est dévisagée avec crainte et distance par les Liénés, sans qu’ils ne réalisent que la fuite conduit inévitablement vers un autre décor, une autre aventure. Elle est critiquée, perçue comme une tare, ou assimilée à de la lâcheté par ceux qui ne s’attardent que sur le point de départ, par ceux qui ne s’intéressent pas à la destination. Pourtant, le fugueur quitte tout pour aller vers l’inconnu. Il abandonne un environnement dans lequel il a identifié les dangers pour s’aventurer vers l’ignorance, voire le néant. Dans sa course, il se détache progressivement des liens qu’il nouait avec le rationnel. Le Liéné devient un Aliéné (un alien est né 😉 ) qui atterrit sur une nouvelle terre à explorer, vers un nouveau monde à créer.

Alors que je m’étais égarée dans un nulle-part de Rymmerland, j’ai entendu la voix d’un de ces Aliénés. Il s’est présenté à moi sous le nom de Lucas Salpêtrière. Lorsqu’il a évoqué Trimoria, j’ai aussitôt quitté quelques instants mon « Alienivers » pour fuir vers le sien.

Comme beaucoup d’entre nous, Lucas pourrait passer, au premier abord, pour le parfait petit Liéné, avec son petit boulot, sa petite maison, sa petite-amie et toute la petite routine socialement considérée comme étant la normalité. Cependant, quand Lucas ouvre la porte de son micro-ondes, ce n’est pas pour réchauffer son petit café du matin. Non, lui, il y glisse sa tête… Et hop ! En route pour Trimoria, sa destination de fuite.

« Parce qu’un peu d’absurdité fait du bien au bulbe rachidien »

Lucas Salpêtrière – trimoria

La « déjanterie » peut enfin commencer dans les tréfonds de son esprit, oubliant ainsi les tracas récents liés à sa perte d’emploi et les soupçons de tromperie de Louise avec un certain Eric. Oublier ? Pas forcément d’ailleurs… Lucas en parle ouvertement à son fidèle acolyte, car à l’instar d’Alice qui suit son lapin blanc au pays des merveilles, Picadili accompagne continuellement Lucas au pays des doux dingues. Mais Trimoria a bien trop de déconvenues à résoudre pour qu’il accorde de l’importance aux tracas de sa vie de Liéné. N’est-ce d’ailleurs pas la raison d’être de ce monde imaginaire ?

« On peut faire confiance à personne, pas même à notre imagination »

Lucas Salpêtrière – trimoria

Pas le temps de s’épancher sur le sujet, Grégoire le hamster est récemment devenu maire, et son délirant – mais agréable – petit monde commence à ressembler à un royaume régit par les caprices de ce rongeur narcissique. Lucas va avoir du pain sur planche, d’autant plus qu’une ombre bien plus nuisible, tout droit sortie des tréfonds de son subconscient, complote pour envahir son territoire : Divarius, « le serviteur des angoisses, l’infâme complice de son psychiatre ».

Lucas aura à prendre de grandes décisions s’il veut sauver Trimoria…

Cette histoire « démentiellement » drôle est une saga MP3 réalisée et produite par Flopod. Le géniteur de Lucas, aujourd’hui sound-designer professionnel, est également l’auteur de 2 autres sagas : Agent 0 et Synapse (ainsi que 2 « spin-off » de Trimoria). Il exprime également toute l’amplitude de son imagination décalée via la musique, la création graphique, la photographie, la vidéo… En somme, c’est un « Alienartiste » complet, tout en étant discret.

Cette saga m’a particulièrement touchée car il y est question de maladie mentale, un sujet qui me concerne personnellement, qui m’effraie autant qu’il me fascine. Florian n’en parle pas de façon conventionnelle. On est loin du psychotique dangereux qui fait peur. Au contraire, Lucas est attachant, malgré son manque d’enthousiasme constant, son décalage avec le réel, le détachement de ses émotions ou son absence d’empathie. Trimoria représente au contraire toute la richesse intérieure de ce personnage, qui serait catalogué de « loser cinglé » dans le monde des Liénés alors qu’il est le héros de son monde farfelu. Le travail du son est d’une excellence telle qu’on plonge avec lui dans ce tourbillon de folie délirante, et on en ressort avec une pointe de nostalgie, sans trop savoir si l’on est triste ou heureux, sans trop savoir si parmi les rires, il ne s’est pas caché quelques larmes… Son aventure est loin d’être triste, je vous rassure, mais elle m’a agréablement troublée, notamment en remettant en question l’image erronée que l’on peut se faire de certaines psychoses. Cette prise de conscience se fait insidieusement, dans cette ambiance légère de fête foraine.

Je vous invite donc à découvrir cette petite pépite audio et tout l’univers de Florian Calmer sur son site internet flopod.fr et sa chaîne Youtube Florian Calmer.

Je vous met également à disposition ici-même la saga MP3 Trimoria (diffusée avec l’accord de Florian par la chaîne Youtube « Saga audio compagnie »). Cela vous donnera peut-être l’envie de flâner et découvrir d’autres sagas audios qui pourraient vous plaire.

Je n’ai pas contacté le créateur pour la rédaction de cette première publication. Je garde en tête l’envie de vous parler de la saga « Synapse » dans un prochain article, et je trouverais intéressant, pour cette occasion, de m’entretenir avec Flopod en lui posant vos éventuelles questions. N’hésitez donc pas à me les envoyer en commentaire ou par mail.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne aliénation auditive, et vous dire à bientôt pour d’autres explorations rymmériennes dans les mondes de l’étrange, du frisson, de l’obscure, du déjanté…

Indéfectiblement vôtre,

Rymmia