Quand Noël sent le sapin…
« All I want for Christmas is y… » – Ooh mais ferme-la Mariah ! 🤐
Les fêtes de fin d’années arrivent à grand pas et, comme chaque année, elles nous offrent en masse une flopée de chants et de contes de Noël merveilleux, naïfs et un peu (trop…) mielleux et idylliques.
Si cette période reste généralement une occasion de réunir la famille pour partager un repas gargantuesque dans une ambiance joviale et festive, elle peut aussi se révéler plus difficile, stressante, voir déprimante pour certains.
Et dans les cas les plus extrêmes (et rares… heureusement), le conflit autour d’une dinde un peu trop cuite peut dégénérer et la célébration prend alors une couleur légèrement plus sombre, malgré les guirlandes lumineuses sensées égayer l’ambiance…
Vous l’aurez compris, je ne vais pas vous pondre un article « feel good » sur le Père Noël et toute sa joyeuse clique en pleine réunion de crise pour savoir comment ils vont réussir à livrer tous leurs cadeaux par les conduits des radiateurs, en l’absence de cheminée 🤔.
Je vais plutôt vous donner l’occasion de casser l’ambiance au cours du repas en vous offrant quelques histoires un peu glauques, des faits divers, événements historiques ou personnages mythologiques qui ont marqué cette période par leur tragique récit.
NB : Il est formellement interdit de s’inspirer de ces 3 récits pour vous sortir d’une Saint Sylvestre un peu trop barbante, hein ?! Avant de sortir les couteaux ou le AK 47, il existe tout de même des alternatives plus saines pour tout le monde (simuler une petite indigestion pour sortir de table devrait suffire… et ça tâche moins… 😁) !
1/ Le massacre de Bande
Je commence par rendre un hommage à l’Histoire en revenant sur l’un des nombreux massacres qui a eu lieu durant la Seconde guerre mondiale.
Nous sommes à Bande, en Belgique, un petit village de la région Wallonne au Luxembourg. En pleine bataille des Ardennes, le 24 décembre 1944, un détachement de la Gestapo, potentiellement déployé par Himmler, procède à de longs interrogatoires auprès des villageois. Il libère les plus âgés, leur faisant croire que leur unité allait repartir en Allemagne mais ils emmènent 33 civils âgés de 17 à 32 ans dans la cave d’une des maisons (la maison Bertrand) pour les exécuter. Ce soir-là, Léon Praile, 21 ans, arrive à s’échapper et se cache, devenant ainsi le seul survivant témoin du massacre. Sa fuite provoque une autre salve de représailles, et, dès le lendemain, 2 autres civils sont assassinés. Au total, 34 victimes furent dissimulées sous le plancher de la cave, et les soldats interdirent l’accès à la maison pour cacher leur crime. Elles ne furent retrouvées qu’au début de janvier 1945, lorsque les troupes Britanniques débarquèrent pour libérer le village. Les corps purent ainsi être rapatriés aux familles.
Selon les témoignages, cette « compagnie spéciale » n’était pas composée que d’Allemands. Elle rassemblait des personnes de différentes nationalités qui auraient reçu pour mission d’abattre 30 résistants du village de Bande pour venger la mort de 3 soldats Allemands survenue en septembre 1944. Un seul des bourreaux fut identifié et condamné à 20 ans de prison par un tribunal de guerre.
La région continue chaque année de rendre hommage aux victimes. Un mémorial a été dressé sur le lieu du massacre et, en 2019, de jeunes artistes urbains ont exprimé leur créativité sur les murs des tunnels de la Nationale 4, proche du village de Bande, afin de perpétrer leur mémoire :
André BOURGEOIS, Domia DACO, Jean de GARDE, Joseph DUCHÈNE, Octave DUCHÈNE, Fernand GIRS, Georges GIRS, André GOUVERNEUR, Florent GUISSART, Victor GUISSART, Roger HARDY, Joseph HENKINET, Gaston LAMBERT, Herman LAMBERT, Lucien LAMBERT, André LASSANCE, Fernand LASSANCE, Alphonse LEROY, Fernand MAGONETTE, Edmond MAÎTREJEAN, Georges MALEMPRÉ, Raymond MALEMPRÉ, Albert MARCHAL, Richard MARÉE, René MATAGNE, Armand MICHEL, Clément MULLER, Jules NOËL, Joseph PARMENTIER, Louis PETRON, Joseph PONCIN, Paul SMITZ, Xavier TOURNAY, Albert VOLVERT.
2/ Le massacre de Grapevine
Cette fois, c’est un fait divers dramatique qui vient entacher la magie de Noël 2011.
Le 24 décembre 2011 vers 11h15, Azizolah Yazdanpanah, un homme de 56 ans déguisé en père Noël, arrive devant la porte du domicile de son ex-femme et de ses 2 enfants, situé à Grapevine, proche de Dallas au Texas. Il attend l’arrivée de sa belle-sœur, son beau-frère et leur fille, puis, après l’ouverture des cadeaux, l’homme dégaine alors deux armes et tire une balle dans la tête de chacun des membres de la famille; à l’exception de son beau-frère, qui reçoit également des projectiles au ventre et à la poitrine. Le meurtrier pointe ensuite une arme sur lui pour se donner la mort à son tour. Les corps seront découverts seulement le lendemain, suite à un appel au 911 vers 11h30 en provenance du domicile, dans lequel on entend faiblement quelqu’un appeler au secours en gémissant. Malheureusement, lorsque les secours arrivent sur place, il est trop tard…
Le mobile de cette horrible tragédie reste à ce jour toujours méconnu. Apparemment, aucune trace de lutte n’a été retrouvé sur place, laissant présumer que les victimes n’ont pas eu le temps de réagir. L’enquête a déterminé que le meurtrier était divorcé de son épouse depuis avril 2002 et que les deux partis connaissaient d’importants problèmes financiers. Tandis que l’ex-épouse avait déménagé pour vivre à Grapevine, le meurtrier avait continué de squatter la maison familiale malgré sa saisie par la banque. Un tragique drame familial dont les victimes étaient respectivement âgées de 15, 19, 22, 55, 58 et 59 ans.
De quoi vous rendre parano lorsque votre vieux tonton bourré s’éclipsera après le dessert pour enfiler le costume du père Noël, pas vrai ?
3/ Berchta : la mère-Noël version folklore germanique
Histoire d’alléger un peu l’ambiance (façon de parler), quittons un peu le réel pour s’intéresser à un personnage légendaire de la mythologie Germanique et Slave qui a inspiré certains contes des frères Grimm.
Berchta (ou Perchta) est une fée issue de la mythologie Slave qu’on retrouve mentionnée pour la première fois dans des ouvrages du XIIIème siècle, bien qu’on la relie à certains récits datant du Xème et XIème siècle.
Affiliée à la déesse majeure Frigg (ou Freya), elle ferait partie des personnages mythologiques qui ont inspirés certains contes des frères Grimm tels que « Dame Holle » (Frau Holle) ou encore « Les 3 fileuses« .
Berchta est en effet vulgarisée comme étant une déesse du foyer, veillant et surveillant le travail de filage et de tissage des mères et accueillant les esprits des jeunes enfants morts dans les mondes souterrains, son territoire doté d’un splendide jardin.
Pour récompenser les bonnes travailleuses, cette dame, tantôt décrite comme une splendide femme vêtue de blanc, tantôt comme une vieille dame laide aux pieds déformés (elle est alors assimilée à « Berthe aux grands pieds« ), récompense le dur labeur par des outils de filage (fuseaux) ou encore quelques pièces de monnaie. Il était d’usage de laisser des offrandes de nourriture et d’eau pour obtenir richesse et abondance de sa part, car elle était également chargée de veiller sur les champs de blé.
« Elle a l’air plutôt sympathique cette Berchta », me direz-vous. « Alors, c’est quoi le hic ? Et quel est son rapport avec Noël ? »
Vous allez-voir, certaines de ses caractéristiques risquent de vous rappeler quelqu’un, mais en version moins…complaisante…
Berchta quitte son royaume souterrain pendant les 12 jours qui précèdent Noël pour surveiller le travail accompli par ses ouailles. Femmes ou enfants, gare à la paresse ! Sa punition peut alors se matérialiser par de simples cauchemars pour aller jusqu’à… l’éventration (Big up 🤙) ! Dans ce dernier cas, elle remplit alors l’estomac de sa victime de pierres et la jette dans un puits ( ce qui rappelle, là encore, la version non édulcorée d’un conte célèbre : Le petit Chaperon rouge). Et si vous vous risquez à transgresser les interdictions alimentaires le jour de sa fête, vous recevrez la même récompense. Voilà de quoi faire relativiser vos joyeux bambins du XXIème siècle qui se retrouvent privés de la dernière console à la mode sous le sapin parce qu’ils n’ont pas été sages, non ? 😈.
La demoiselle utilise un couteau en fer pour éviscérer, une hache en fer pour découper, et ce n’est pas pour préparer la dinde…
Alors ? Cette version féminine du père Noël vous a-t-elle conquis ? Personnellement, je la trouve vraiment « badasse« , moi. Ça fait du bien un peu de rappel à l’ordre à coup de caillasses dans le bide. En plus, elle a pas besoin de cheminée pour s’inviter chez vous, ce qui la rend plus rapidement disponible pour intervenir en cas d’urgence « enfant capricieux« 😁.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un « N’affreux Nowel« à tous ! Et pour ceux chez qui cette célébration n’est pas des plus fun, considérez-vous privilégiés car, au vu de ces 3 récits, il est évident que vous maximisez vos chances d’en ressortir en un seul morceau (avec un foie en bon état et sans gueule de bois en plus…) 😉.
Sources :
- Nassogne Havre de paix (merci pour son partage de l’hommage créatif réalisé par de jeunes artistes aux tragiques événements de Bande)
- Famenne Ardennes (son récit historique très complet rend hommage aux victimes du massacre de Bande)
- East TN News (article sur le massacre de Grapevine)
- Le Parisien (article sur le massacre de Grapevine)
- Merci à Madmoizelle.com qui m’a donné l’idée de parler de Berchta (je vous invite à lire l’excellent article : »4 histoires de Noël qui font peur, à se raconter au coin du feu«
- La compagnie de la Branche Rouge (court descriptif sur la mythologie de Berchta)
- Illustration de Dame Perchta prise sur le site Conjure Cinema (auteur inconnu)
- Wikipédia